Vendredi 13 Septembre 2024
Le livre de la semaine : La beauté cachée du cerveau (ou la magie des synchronicités)
Qui ne s’est jamais retrouvé face à quelqu’un de bien plus intelligent que soi ?
On a tous fait cette expérience d’une conversation où l’interlocuteur semble aller si vite dans sa pensée, comme si dans son cerveau il y avait un joueur d’échecs capable de penser dix coups à l’avance.
J’adore rencontrer ce genre de génies et cela m’est arrivé cette semaine au micro du podcast Métamorphose.
Pour la sortie de son dernier livre intitulé Des pierres, ils ont fait des étoiles, j’ai discuté avec Daniel Tammet, un auteur britannique et autiste savant, connu pour ses capacités cognitives exceptionnelles et sa synesthésie, une condition neurologique où les sens se mélangent.
Daniel s’est notamment rendu célèbre lors d’un défi télévisé où il a réussi à apprendre l’islandais, langue connue pour sa grammaire très complexe, en une semaine ! Il parle plusieurs langues, peut effectuer des calculs mathématiques complexes à une vitesse incroyable et a une mémoire d’éléphant.
C’était génial de passer un moment avec lui lors de cette interview qui sortira dans quelques semaines.
Le cerveau, et plus précisément la santé cognitive, c’était aussi le thème d’une autre interview Métamorphose avec cette fois le docteur Olivier de Ladoucette, psychiatre spécialisé sur la maladie d’Alzheimer. Et ici, j’ai une bonne nouvelle puisque jusqu’à 40% des cas d’Alzheimer pourraient être évités !
De l’entraînement cognitif à l’activité physique, en passant par l’alimentation et la gestion des facteurs de risque cardiovasculaires, il y a une infinité de possibilités pour prendre soin de son cerveau. Je me suis empressé de faire un résumé de l’échange à mon père, angoissé depuis des décennies à l’idée de choper Alzheimer…
La magie des synchronicités m’amène décidément à voir des cerveaux partout en cette rentrée de septembre, puisque c’est aussi la santé cognitive qui est à l’honneur dans cet épisode du Vendredi des Possibles.
Le livre de ce vendredi a été écrit par une chercheuse italienne, directrice d’un institut de neurosciences, membre de comités scientifiques internationaux et autrice de plus de 170 publications. Je ne déroule pas tout son CV, mais je mentionne quelques lignes car on trouve tout et n’importe quoi dans le vaste monde des neurosciences.
Cela fait donc du bien de trouver de la rigueur scientifique grâce à Michela Matteoli et son livre La beauté cachée du cerveau !
Notre cerveau est capable de s’auto-réparer
J’en ai pris des notes sur ce livre (merci Eliott Meunier !)...
Il commence par une citation de l’écrivain et médecin écossais Arthur Conan Doyle : “Le cerveau est comme un petit grenier d’abord vide. Notre affaire est de le garnir de meubles de notre choix.”
Et au fil de la lecture, on comprend bien la magie de ce projet d’aménagement intérieur.
Commençons par l’ampleur du projet : le cerveau, qui ne représente que 2% de la masse corporelle d’un adulte, est composé de plus de 200 milliards de cellules, c’est plus que les étoiles de la Voie lactée.
C’est surtout un organe adaptatif, qui ne reste jamais figé, capable de s’auto-réparer, en créant de nouvelles connexions entre ses cellules (les neurones) et ce, jusqu’au dernier jour de notre vie. C’est la fameuse “plasticité”, si forte chez les enfants, ces véritables machines à apprendre.
Mais il n’est jamais trop tard pour muscler notre cerveau et Michela Matteoli partage toutes ses années de recherche sur le sujet :
- La gymnastique du cerveau
- La puissance des livres pour réduire le risque de déclin cognitif (j’aime)
- La musique qui soigne, tout comme les jeux de société
- Le danger de la solitude qui accroît le risque de démence jusqu’à 40% selon la plus vaste enquête menée sur le sujet, en Floride sur 12 000 personnes
- Le mouvement qui permet d’envoyer plus de sang pour irriguer le cerveau (je compte en parler dans un prochain contenu sur la chaise tue)
- Le sommeil qui protège des démences (je trouve le chapitre intitulé “le capitalisme insomniaque” très pertinent)
- Ou encore la nourriture idéale pour nourrir son esprit (si vous aimez le régime méditerranéen, avec plein de légumes, des poissons, de l’huile d’olive de qualité, tout va bien)
Mon outil préféré du livre
Le paradoxe de l’ignorant
Ayant parfois l’impression de toujours manquer de temps pour apprendre ce que j’ai envie d’apprendre, lire la quantité de livres sur ma table ou écouter les podcasts mis en favoris, j’ai pris une bien belle leçon lors de cet extrait sur le paradoxe de l’ignorant :
“Aujourd’hui, nous sommes submergés par un excès d’informations qui a un impact sur les fonctions de notre cerveau. Autrefois, on pouvait dire que l’ignorance était due à un manque de connaissances, tandis que nous avons maintenant à disposition une telle quantité de données que nous nous noyons dedans.
Nous savons pertinemment que cela génère une sorte de confusion. Naviguer sur Internet d’un site à l’autre, en passant de LinkedIn à Facebook, et absorber des données à très grande vitesse empêche le bon déroulement des processus de consolidation de l’information. Notre cerveau n’a pas le temps de sélectionner la bonne : c’est comme s’il y avait un énorme bruit de fond qui ne nous permettait pas d’identifier l’information qui doit être isolée des autres, évaluée et consolidée dans notre esprit. Quand nous lisons des choses que nous ne savons pas, le cortex cingulaire antérieur s’active et active à son tour le reste du cortex, générant un sentiment de plaisir. Notre cerveau est curieux, et c’est magnifique.
Mais, pour intérioriser les informations, nous avons besoin de temps, de faire en sorte que la nouvelle donnée soit en contact avec les autres informations déjà emmagasinées dans notre tête, l’associant à ces dernières à travers des relations de cause à effet. Il ne s’agit pas d’un procédé simple. En effet, on préfère souvent rester en surface plutôt que d’approfondir certains arguments, comme il serait juste de le faire, et cela génère un certain nombre de problèmes.
Notre capacité à contrôler l’environnement qui nous entoure est liée à notre connaissance des choses. Quand nous nous rendons compte que nous ne les connaissons pas, nous éprouvons un sentiment de malaise que nous préférons, si possible, éviter.
Le paradoxe de l’ignorant est résumé par l’effet Dunning-Kruger, une distorsion cognitive qui induit les personnes ignorantes à surestimer leur savoir et à sous-évaluer le savoir des autres. Voilà donc l’arrogante présomption du non-expert qui se moque de l’expert, le monsieur je-sais-tout qui, plutôt que d’essayer d’amplifier sa culture générale, et tente de miner la crédibilité du scientifique, du journaliste, ou du philosophe.
Ce sont les psychologues américains David Dunning et Justin Kruger qui ont commencé dans les années 1980 une série d’expériences sur des étudiants inscrits aux premières années des cours de psychologie de la Cornell University. Ils ont mis en relation, dans un graphique, l’estime de soi et la compétence, et se sont rendu compte que les personnes ayant le moins d’expériences, le moins de connaissances, possèdent une grande estime d'elles-mêmes. Plus le savoir augmente, plus l’estime de soi diminue, pour s’effondrer de façon dramatique chez les individus les plus cultivés, parce que la conscience de ne pas savoir grandit aussi.
C’est là que se trouve le principal obstacle, parce qu’il faut alors poursuivre et continuer d’accumuler des connaissances et des expériences : alors, on remarque que l’estime de soi commence à remonter sur le graphique de Dunning-Kruger, sans toutefois atteindre le niveau des personnes ignorantes. Platon fait dire à Socrate pendant son procès : « Je sais que je ne sais rien. » C’est une des théories les plus célèbres de l’histoire de la philosophie, la docta ignorantia.
Socrate, dans l’aréopage, proche de la condamnation à mort, confesse sa condition d’ignorant devant l’infinité des connaissances qu’il n’aura jamais. Du reste, « les imbéciles sont sûrs d’eux, alors que les gens intelligents sont emplis de doutes », comme disait Bertrand Russel. Même Charles Darwin remarquait combien « l’ignorance engendre plus souvent la confiance que la connaissance ».
Il est difficile aujourd’hui de ne pas tomber dans le paradoxe de l’ignorant. La tentation de se considérer comme expert d’un sujet après quelques lectures, même superficielles, faites sur Internet, nous attend toujours au tournant. Notre effort doit se porter sur le décryptage des informations de façon à réussir à discerner celles qui sont fiables et celles qui ne le sont pas, ce qui est particulièrement vrai dans la surcharge d’informations du monde moderne. Ce n’est pas facile, mais il serait déjà positif que chacun de nous puisse, par exemple, échapper à ce qu’on appelle le biais de confirmation, un phénomène cognitif qui nous pousse à sélectionner les informations qui soutiennent nos idées, qui s’adaptent parfaitement à ce que nous avons en tête, tandis que nous éliminons les données qui contredisent nos croyances. Le travail que nous pouvons effectuer pour notre intelligence est celui d’éviter au maximum de ne prendre en considération que les informations qui nous sont utiles et de renforcer notre vision critique.
Le cerveau a ses propres règles, mais comprendre les petites anomalies de son fonctionnement peut aider à apprendre, à remonter le long de la courbe de Dunning-Kruger et à acquérir une estime de soi qui reflète notre connaissance et non notre manque de savoirs.”
Vous pouvez commander dès à présent La beauté cachée du cerveau sur la boutique en ligne d’Eyrolles, sur le site Place des Libraires en identifiant une librairie près de chez vous, ou sur les plateformes de vente en ligne (Fnac, Amazon).
Bonne lecture et beau week-end,
Alexandre Dana
Chaque vendredi, un livre et un outil pour entreprendre
Ouvrez tous les possibles pour votre projet ! Dans cette newsletter, je vous partage les livres et outils qui inspirent ma vie d’entrepreneur. Et une fois par trimestre, j’invite quelques auteurs pour une conférence en ligne exceptionnelle.
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