Le livre de la semaine : On vous vole votre attention (mon premier livre comme éditeur !)

Aujourd’hui, je suis très ému ! Mon premier livre comme éditeur vient de sortir en librairies.

Il y a plus d’un an maintenant, je suis devenu éditeur de livres.

Plus précisément, j’ai pris la casquette de directeur de collection, la collection des Possibles, aux éditions Eyrolles.

Peu d’activités me procurent autant de plaisir que la lecture. J’aime tout : la couverture, l’odeur du papier, le contenu, l’histoire de l’auteur, etc. Oubliant la tête de mon calendrier, je me suis donc lancé dans cette aventure.

Quel est le rôle d’un directeur de collection ?

Il s’agit de piloter une collection de livres, en définissant une identité éditoriale, en recherchant de nouveaux manuscrits, en suivant les auteurs dans leur travail d’écriture et en les aidant à faire de leur livre un succès.

Il n’a pas été facile pour moi de choisir le premier livre de la collection des Possibles.

Ces dernières années, mon travail s’est situé au croisement entre plusieurs univers : l’entrepreneuriat bien sûr, mais aussi le bien-être et un développement personnel qui ne cède pas à la “religion de l’individu volontaire” dont parle très bien le sociologue Nicolas Marquis.

Je cherchais un livre qui fait réfléchir pendant sa lecture, et plusieurs mois après. C’est là que j’ai découvert le travail de Johann Hari sur la crise de l’attention.

Nous n’arrivons plus à nous concentrer, sans cesse dérangés par un téléphone qui sonne, un réseau social, une lumière, un bruit ou une nouvelle chose à faire. Dans notre travail, et dans nos vies personnelles, notre attention est en chute libre avec des conséquences désastreuses : anxiété en hausse, perte de lien avec nos proches, déficit de sommeil, créativité bloquée…

L’écrivain et journaliste Johann Hari, auteur de plusieurs livres best-sellers et star des conférences TED, a décidé de réagir.

Parce qu’il est urgent de reprendre le contrôle de notre attention, il est parti rencontrer les principaux scientifiques et experts qui enquêtent sur les causes de cette perte de concentration généralisée.

Le résultat, c’est On vous vole votre attention, un livre nécessaire, plein de clarté et de profondeur.

Je suis fier de le faire connaître en France et j’espère qu’il vous plaira !

Un changement de paradigme

C’est un sujet que j’ai déjà abordé dans de précédentes newsletters, nous avons de plus en plus de mal à nous concentrer.

Notre attention est sans cesse captée par les notifications sur nos téléphones et il nous est de plus en plus difficile de rester attentif en regardant un film, en suivant une réunion ou même lors d’une conversation. Et nous vivons ce manque de concentration comme un échec personnel.

La découverte de l’oeuvre de Johann Hari m’a permis un changement radical de perspective, comme je l’écris dans ma préface :

“Dans son livre, j’ai compris que je n’étais pas le problème, mais que des mutations très profondes dans nos sociétés étaient en cause. Parmi ces mutations, le manque de sommeil, une alimentation très excitante, la surcharge d’informations et bien sûr l’économie de l’attention qui dirige le fonctionnement des réseaux sociaux. La chute de notre concentration n’est donc pas un échec personnel, c’est un enjeu systémique qu’il faut absolument comprendre pour s’en protéger ensuite collectivement.

Johann Hari est un vrai journaliste, et ça se sent. Il ne cède pas aux dérives classiques d’un livre de développement personnel qui résumerait le problème de manière trop simpliste. Non, nous bénéficions ici d’un travail de recherche très poussé, nourri par une impressionnante quantité d’interviews de neuroscientifiques, de sociologues, d’éducateurs, de spécialistes des technologies, etc.

La démarche de l’auteur est brillante car elle nous permet de constamment faire le va-et-vient entre notre petite (mais essentielle) personne et des enjeux collectifs. Or, c’est bien à cette intersection que se situe l’espoir d’un changement profond. Dans un monde où les jeunes sont toujours plus accros à leurs écrans, il est temps de réagir ensemble.

Posez-vous les questions suivantes au fil de la lecture : que puis-je appliquer avec mes proches ? Que puis-je proposer dans mon entreprise pour restaurer une attention pleine et entière ? Comment mobiliser mes amis ? J’espère de tout mon cœur que ce livre stoppera la machine infernale qui nous vole notre concentration. Comme l’écrit Johann, ‘la rébellion de l’attention est une priorité !’.”

Mon outil préféré du livre

La rébellion de l’attention, au service du plus grand nombre

Je vous laisse avec un extrait du livre de Johann.

Il s’agit d’un des derniers chapitres où l’auteur souligne les liens entre la crise de l’attention et la crise climatique. Cela permet de comprendre l’importance du problème !

“Tout en écrivant ces lignes, j’observe les rues de San Francisco que j’ai sillonnées avec Tristan Harris, à travers une webcam. C’est là-bas qu’il m’a confié, il y a un peu plus d’un an, ce qui l’inquiète dans notre perte d’attention : il craint qu’elle nous empêche de résoudre le problème du réchauffement climatique. À l’heure où je regarde ces images, il est midi là-bas, mais le soleil est caché derrière un nuage de cendres causé par les feux de forêt qui ravagent la Californie. Un hectare sur treize est parti en fumée d’un bout à l’autre de l’État. La maison dans laquelle Tristan a grandi, non loin de là, a été dévorée par les flammes, et la plupart de ses biens avec. Sous un ciel orange foncé, les rues dans lesquelles nous avons discuté de la crise climatique sont tachetées de cendres. Les trois années consacrées à ce livre ont été des années d’incendies. Plusieurs des villes par lesquelles je suis passé ont été étouffées par la fumée de feux de forêt d’une ampleur sans précédent – Sydney, Sao Paulo et San Francisco. Comme beaucoup d’entre nous, j’ai lu des articles à leur sujet, mais très peu – je me sentais rapidement dépassé. Le moment où la réalité m’a frappé de plein fouet – où elle m’a pris par les tripes – est un moment qui peut sembler insignifiant quand je le raconte.

[...]

La crise climatique peut être résolue. Nous devons rapidement renoncer aux énergies fossiles au profit de sources d’énergies vertes et propres. Mais pour y parvenir, nous devons être capables de nous concentrer, d’avoir des conversations saines et de réfléchir avec lucidité. Ces solutions ne pourront pas être mises en œuvre par une population d’individus aux idées confuses, qui changent de tâches toutes les trois minutes et qui se hurlent dessus sur des plates-formes régies par des algorithmes. Nous ne pouvons résoudre la crise climatique que si nous résolvons notre crise de l’attention. En songeant à tout cela, j’ai repensé à une chose qu’a écrite James Williams : « Je pensais qu’il ne restait plus aucun grand combat politique [...]. Comme j’avais tort. La libération de notre attention pourrait être le combat moral et politique de notre époque. Son succès est la condition préalable au succès de presque tous les autres combats. »

Quand je regarde à présent le ciel flamboyant au-dessus de San Francisco à travers cette webcam trouble, je ne peux m’empêcher de repenser à la lumière de Provincetown pendant cet été loin de mon téléphone portable et d’Internet. Comme elle me paraissait pure et parfaite. James Williams avait raison : notre attention est une sorte de lumière, une lumière qui éclaire le monde et nous le rend visible. À Provincetown, je pouvais voir les choses plus clairement que jamais – mes propres pensées, mes propres objectifs, mes propres rêves. Je veux vivre dans cette lumière – la lumière de la connaissance, de la réalisation de nos ambitions, d’une vie pleine – et pas dans cette lumière orange et menaçante de la dévastation.

[...]

Au début de la Seconde Guerre mondiale, en observant les nouvelles technologies destructrices que les humains avaient créées, le poète anglais W. H. Auden nous a mis en garde : « Nous devons nous aimer l’un l’autre ou mourir. » Je suis désormais convaincu que nous devons œuvrer ensemble – ou affronter seuls les flammes.”

Vous pouvez commander dès à présent On vous vole votre attention sur la boutique en ligne d’Eyrolles, sur le site Place des Libraires en identifiant une librairie près de chez vous, ou sur les plateformes de vente en ligne (Fnac, Amazon, Audible).

Beau week-end et belles lectures,

Alexandre Dana

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Chaque vendredi, un livre et un outil pour entreprendre

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