Le portrait de la semaine : Bernadette de Gasquet, une méthode reconnue mondialement et l'énergie d'entreprendre à 78 ans

Bonjour à toutes et à tous,

Il y a quelques années, pour un numéro de notre magazine Odyssées, je me suis amusé à analyser le discours des médias sur l’âge des entrepreneurs.

“Entre 30 et 40 ans, l’âge idéal pour entreprendre”, affirmait sans hésitation le journal Le Figaro. “L’âge moyen des fondateurs de startup à succès est de... 45 ans”, tranchait lui le magazine Harvard Business Review.

À les croire, il y aurait un âge idéal à ne pas louper si l’on souhaite se lancer. Le problème, c’est que ces articles prennent souvent la question à l’envers, en érigeant des informations brutes en modèles sociologiques.

Qu’entend-on par “entrepreneur” dans ces articles ? Après lecture, on comprend que le mot est utilisé pour désigner principalement les créateurs d’entreprises innovantes, ou “startupers”, devenus des rockstars modernes alors même qu’ils ne constituent qu’une portion très minoritaire des entrepreneurs.

En 2019, la France comptait environ 10 000 startups, et bien que ce chiffre soit en constante augmentation chaque année, il est très peu représentatif des plus de 815 000 créations d’entreprises, rien que pour cette même année 2019.

À travers ces portraits-robots caricaturaux se forge un mythe de l’entrepreneur. Or, ce mythe se perpétue dans l’imaginaire, aussi bien dans l’entrepreneuriat que dans la société : certains banquiers, responsables d’incubateur ou investisseurs vont privilégier des porteurs de projet correspondant davantage au profil sociologique qu’ils ont intégré, tandis que nombre d’entrepreneurs potentiels ne se lanceront jamais, persuadés de ne pas correspondre au profil idéal, se disant par exemple qu’ils sont trop vieux !

Quand j’écoute les 27 000 personnes passées par les formations LiveMentor, je réalise pourtant qu’il n’y a pas d’âge pour entreprendre. Ce qui déclenche le grand saut, c’est surtout une phrase de vie : une reconversion professionnelle, une quête de sens, un besoin de se sentir utile, l’envie de partager une passion, etc.

Pourquoi devient-on entrepreneur ? Et surtout, pour quoi devient-on entrepreneur ? Il me semble que l’entrepreneuriat n’est jamais aussi légitime que lorsqu’il n’est qu’un moyen au service d’une passion, et non pas un but en soi. Or, s’il y a bien une chose en ce monde capable de traverser tous les âges, c’est la passion.

Pour prouver mon point, je tire aujourd’hui le portrait de Bernadette de Gasquet, médecin et professeure de yoga française, reconnue pour ses travaux novateurs sur la santé prénatale et postnatale, créatrice de la "Méthode De Gasquet," 78 ans et une énergie de dingue.

Elle a osé reprendre des études de médecine à 38 ans

À 27 ans, Bernadette attend son premier enfant et ressent, lors de son accouchement, la poussée réflexe qui fait naître son bébé sans avoir à faire d’efforts expulsifs. Sans le savoir, elle prouve alors les miracles du yoga prénatal.

Depuis, Bernadette de Gasquet a créé une méthode reconnue mondialement, accompagnant femmes enceintes et sportifs de haut niveau comme Teddy Riner. Après une reconversion dans le yoga dans les années 1970 et la reprise d’études en médecine à 38 ans, elle a fondé son propre institut à Paris et à Tokyo avec l’aide de ses deux filles, et vendu des millions d’exemplaires de ses livres.

Bernadette a aujourd’hui 78 ans et ne compte surtout pas s’arrêter en si bon chemin !

Je pense que nous avons beaucoup à apprendre de ce parcours hors du commun. Enfant, Bernadette a étudié à la maison grâce aux cours par correspondance, ce qui façonnera sa personnalité : une vision non conventionnelle, très autodidacte, avec beaucoup d’intuition.

Sa résilience est aussi impressionnante. Elle a eu le courage de comprendre que pour faire passer son message, il lui fallait être reconnue dans le monde médical, et appuyer son ressenti et sa pratique sur une base scientifique et anatomique.

Dépitée par ce qu’elle voyait dans les maternités (mauvaises bascules du bassin, position demi-assise pour le travail, position gynécologique pour la poussée, respiration thoracique, poussée “bloquée”), elle décide de se lancer dans des études de médecine alors qu’elle a 3 enfants.

Sa thèse sur l’incontinence due à l’accouchement reçoit le prix de la Fondation de France (fondation Polivex pour la recherche sur l’incontinence) en 1994, à l’unanimité du jury de la SIFUD (Société internationale francophone d’urodynamique).

Elle est depuis la spécialiste du « périnée féminin ». Certains de ses livres sont des best-sellers, référence dans leur domaine, comme Bien-être et maternité, riche de 350 photos de postures et de nombreux schémas, et bible de toutes les sages- femmes sur le travail corporel.

J’ai dans ma bibliothèque son best-seller Abdominaux, arrêtez le massacre qui l’a fait connaître dans le monde du sport et de la kinésithérapie, et qui dénonce les séries classiques de crunch et pédalages (risques de prolapsus et d’incontinence pour les femmes, hernies inguinales pour les hommes, problèmes de dos, hernies discales, diastasis).

Je suis aussi très impressionné par son aventure entrepreneuriale, qui est une aventure familiale. Ses deux filles co-dirigent avec elle l’institut de Gasquet qui a ouvert en 2010 à Paris et dispense des formations aux sages-femmes, mais aussi à des kinés, ostéos, éducateurs sportifs, professeurs de yoga.

Aujourd’hui l’institut de Gasquet forme plus de 2000 stagiaires par an, professionnels de santé et du sport, en France et à l’étranger !

Le partage de Bernadette : la joie de bien s’entourer

Si je devais retenir une chose du parcours de Bernadette, outre la confiance de se lancer quel que soit l’âge, ce serait la puissance d’un bon entourage.

Je viens de mentionner le renfort de ses deux filles pour la création et le développement de l’institut et des formations.

Mais au-delà de ce noyau familial, il y a toute une équipe autour de Bernadette et des spécialistes de nombreux domaines. L’équipe qui dispense les formations est composée de professionnels de la santé ou de la forme, très expérimentés.

Certains sont reconnus au plus haut niveau : athlète olympique, préparateur physique d’équipe nationale, ostéopathe du tour de France et du Paris Dakar, coach ou soignant de sportifs de niveau international.

C’est ce qui permet à la méthode De Gasquet d’être toujours en mouvement, de multiplier les nouveaux projets, les collaborations avec des universités, des maternités, des fédérations, etc.

Beau week-end et belles lectures,

Alexandre Dana

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