Le livre de la semaine : "One" (ou le livre qui a failli me faire arrêter mon entreprise)

L’épisode de cette semaine est particulier.

C’est la première fois que je vais recommander un livre qui m’a autant bousculé. Je l’ai lu dès sa sortie, en anglais, en mars 2020, pile au démarrage du premier confinement.

Où étiez-vous à l’époque ? On se souvient tous de ces premières semaines enfermé chez soi… J’ai très mal vécu le confinement. Les journées sont si longues à cette époque…

Je les passe sur mon ordinateur. Il faut faire fonctionner en urgence toute l’équipe de LiveMentor à distance. Nous sommes déjà quelques dizaines de salariés. C’est le moment d’organiser une série de réunions en visioconférence, de mettre des règles sur l’utilisation de Slack, tout en recrutant vite.

Car qui dit Covid, dit augmentation des inscriptions sur les formations en ligne. Sur toute la période Covid, l’équipe de LiveMentor continue d’augmenter pour atteindre plus de quatre-vingt salariés en juin 2021, date de la fin du dernier confinement.

Je vis vraiment mal cette période. Je n’excelle pas en recrutement, et je suis vite perdu quand il faut faire vivre une équipe de cette taille. J’ai l’impression de passer mes journées en réunion, et de ne plus avoir le temps de créer, écrire, lire, préparer de nouveaux projets, etc.

Ce n’est pas qu’une impression : la gestion d’une entreprise ne s’improvise pas, et le schéma ci-dessous montre bien le problème. Plus il y a de personnes dans une équipe, plus le nombre de lignes de communication (ou chemins de communication) augmente de manière exponentielle.

Par exemple :

• Avec 2 personnes, il y a 1 ligne de communication.
• Avec 3 personnes, il y a 3 lignes de communication.
• Avec 4 personnes, il y a 6 lignes de communication.
• Avec 5 personnes, il y a 10 lignes de communication.
• (Et je vous laisse imaginer avec la centaine de personnes qui composent aujourd’hui l’équipe de LiveMentor… )

Durant ce premier confinement, je suis donc fatigué, anxieux et inquiet de la taille que prend mon entreprise.

C’est alors que je tombe sur ce livre qui propose d’améliorer son entreprise plutôt que de la faire grossir. Un livre qui met terriblement l’accent sur l’équilibre vie pro/vie perso à une époque où le bien-être est aux frontières de ma vie. Un livre qui nous invite tout simplement à rester petit…

Je suis ravi de vous présenter One, la version française du best-seller Company of One de l’entrepreneur et designer canadien Paul Jarvis !

Rester petit, c’est une décision

Quand je parle de ce livre autour de moi, j’entends parfois des réactions trop simplistes du style “mais comment peut-on écrire un livre là-dessus ? Pour rester petit, il suffit de ne pas recruter”. Ces réactions viennent toujours de personnes qui n’ont jamais été entrepreneurs…

Rester petit nécessite des décisions difficiles et la mise en place d’une vraie stratégie

Paul Jarvis la détaille autour des principes suivants dans One :

• La thèse principale du livre est que la croissance n'est pas nécessairement synonyme de succès. Une entreprise peut croître et rendre son fondateur plus que malheureux. C’est exactement ce qui m’est arrivé il y a quelques années.
• Une Company of One est une entreprise qui remet en question la nécessité de croître. Attention, ce n’est pas forcément une entreprise d’une seule personne. On peut être une dizaine et décider de s’arrêter là. Si vous lisez facilement l’anglais, je vous recommande vivement cet article de blog d’un de mes entrepreneurs préférés, Sahil Lavinglia, qui a fait ce choix.
• Une Company of One privilégie la rentabilité à la croissance. On peut être petit et générer des revenus suffisants pour soutenir le style de vie de l’entrepreneur. On se rapproche ici de la philosophie détaillée dans La Méthode LiveMentor.
• Une Company of One demande de savoir dire “assez”. Et c’est là que vous allez commencer un sacré travail de développement personnel ! Il est tellement facile de se laisser embarquer dans une course à toujours plus (plus de projets, plus de clients, plus d’employés, etc.). C’est le moment d’affronter l’énigme de la réussite. Paul Jarvis utilise la métaphore du “fantôme affamé” pour décrire le désir insatiable de toujours vouloir plus, sans se demander pourquoi.
• Une Company of One regarde le temps différemment en limitant au maximum les projets. On protège le calendrier en permanence. On utilise des systèmes pour gagner du temps.
• Une Company of One se spécialise dans des techniques de marketing digital permettant de communiquer à l’échelle, sans avoir à se déplacer, sans avoir besoin d’un bureau ou d’un local. Paul Jarvis est ainsi lui-même un grand spécialiste du copywriting.
• Une Company of One préfère travailler avec des freelances pour éviter les complications liées à la gestion d’employés tout en maintenant une qualité de travail élevée.

Plutôt sympa ces principes, non ? Vous comprenez maintenant, j’espère, pourquoi ce livre m’a autant chamboulé au point de songer à arrêter LiveMentor, pour recréer une Company of One. Si j’ai finalement décidé de n’appliquer que certains principes du livre, il a définitivement ouvert mon univers des possibles.

Mon outil préféré du livre

La Company of One comme véhicule parfait pour un entrepreneur introverti

Je ne m’attendais pas en ouvrant le livre à voir l’auteur se livrer autant sur ses blessures. Il consacre notamment tout un passage à son caractère introverti, transformé en force grâce à ce modèle d’entreprise.

“Une Company of One peut être une personne animée par le désir de changer les choses, mais qui ne le criera pas sur tous les toits. Beaucoup de gens se croient incapables de monter et gérer une entreprise, de donner envie à d’autres de travailler pour eux, d’acheter chez eux.

Je suis moi-même le premier à reconnaître chez moi une certaine maladresse sociale et une timidité en groupe. Les conférences comme les grosses fêtes me mettent plutôt mal à l’aise. J’ai donc structuré mon activité autour de ce que je sais faire de mieux : les cours en ligne et la communication écrite. J’ai fait de mon introversion une force, plutôt que de me planquer derrière. Je tâtonne et trouve comment manager avec la personnalité qui est la mienne et mes compétences. J’évite de m’adresser à de grands groupes et privilégie les échanges individuels.

Ma nature introvertie explique en grande partie pourquoi je donne des cours en ligne plutôt que des conférences ou des formations en présentiel. Les cours en ligne me permettent d’utiliser un canal par lequel je peux, à titre personnel, communiquer efficacement, d’une manière qui parle à mon audience.

Comme ma capacité à manager – qu’on peut qualifier d’inexistante, ou presque – pourrait aisément nuire à mon activité, je ne travaille qu’avec des freelances qui n’ont besoin d’aucune forme de supervision. Ce sont des Players One qui savent exactement comment faire leur travail. Il me suffit de leur livrer un brief et de les laisser faire. Je donne aux personnes à qui je fais appel une autonomie totale, pour qu’elles fassent sereinement leur travail, et que je puisse faire le mien.

Pas besoin de réunion ou de point de mi-parcours. Je leur demande juste de me prévenir en cas de problème ; si je n’ai pas de nouvelles, je pars du principe qu’elles sont bonnes. J’exploite, pour ainsi dire, mes défauts ou faiblesses (ma maladresse, mon manque d’aisance sociale) au profit de mon activité. Mon style de leadership peut me contraindre à dépenser plus pour payer ces prestataires (les Players One coûtent cher), mais leur travail le mérite et rapporte aussi, in fine, à mon entreprise.”

Vous pouvez commander One sur la boutique en ligne d’Eyrolles, sur le site Place des Libraires en identifiant une librairie près de chez vous, ou sur les plateformes de vente en ligne (Fnac, Amazon).

Belle lecture et bon week-end,

Alexandre Dana

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Chaque vendredi, un livre et un outil pour entreprendre

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