Vendredi 22 Mars 2024
Le portrait de la semaine : Frédéric Mazzella, créateur de BlaBlaCar, une de plus belles entreprises en France
Bonjour à toutes et à tous,
C'est en 2014 que je me rends pour la première fois au salon Go Entrepreneurs. À l’époque, je déprime comme jamais. Depuis 2 ans, je lutte pour faire décoller LiveMentor avec très peu de réussite (10 000 euros de chiffre d’affaires réalisé depuis la création de l’entreprise). Je ne me paie pas et pire encore, je me sens très seul. Je n’ai pas d’entrepreneurs dans ma famille et mes amis sont encore étudiants.
L’énergie de Go Entrepreneurs va me faire un bien fou. J’y découvre des dizaines de milliers d’entrepreneurs avec les mêmes problématiques que moi. Il s’agit toujours aujourd’hui du plus grand rassemblement d’entrepreneurs en France. J’y retourne chaque année et à chaque fois, les rencontres sont belles. Il y a deux ans par exemple, j’ai fait la connaissance de Clément, un infirmier devenu entrepreneur au parcours incroyable.
Les 3 et 4 avril prochain, les dates sont déjà bloquées dans mon calendrier ! L’événement est comme d’habitude gratuit et vous pouvez réserver votre place tant qu’il en reste.
Plusieurs auteurs du Vendredi des Possibles seront présents pour une série de conférences suivies de séances de dédicaces au stand de la librairie Eyrolles (stand E51) :
- Le secret des entrepreneurs en réussite : lire et apprendre en permanence avec Nina Ramen, Caroline Migaux, Pascal Nguyên et votre serviteur le mercredi 3 avril à 14h15 (Stage 4)
- Comment utiliser LinkedIn pour faire décoller votre entreprise avec Nina Ramen et Caroline Mignaux le jeudi 4 avril à 14h15 (Stage 2)
- Et enfin Au pays des licornes : comment concilier hypercroissance et responsabilité ? avec le héros de cette newsletter, Frédéric Mazzella, le jeudi 4 avril à 12h35 (Main stage)
Fondateur de BlaBlaCar, Frédéric Mazzella est un homme à missions, un vrai héros de l’aventure entrepreneuriale. Il a beau avoir créé l’une des plus belles entreprises françaises, il est resté très simple.
Dans l’épisode sur Mission Blablacar, je vous racontais l’origine du projet : un trajet compliqué entre Paris et sa Vendée natale, qui lui donne l’idée de démocratiser le covoiturage, un mode de déplacement alternatif encore marginal à l’époque. On oublie souvent les difficultés terribles surmontées par Frédéric durant les premières années : il manque d’argent, galère à trouver son modèle économique, code seul dans son salon. Le temps est long entre le lancement en 2004 et les premiers succès. En 2008, à un journaliste qui note que son site ne décolle pas, Frédéric Mazzella répond qu’il mange des pâtes, “les meilleures amies de l’entrepreneur”. Il ne se verse son premier salaire qu’en 2009.
Si je suis ravi de faire son portrait aujourd’hui, c’est parce qu’il incarne mieux que personne le plus puissant des principes pour entreprendre : donner du temps au temps. Dans une société qui veut tout, tout de suite, Frédéric nous rappelle le bon tempo…
Des valeurs inspirantes pour tous les entrepreneurs
Frédéric ne vient pas d’une famille d’entrepreneurs, mais d’une famille d’enseignants. Son déclic vers la création d’entreprise a eu lieu durant ses études à l’université de Stanford où il débarque au moment où Larry Page crée Google (il utilise d’ailleurs à l’époque la toute première version pour ses cours – Google bêta – qui indexe alors le contenu de l’université). Il découvre aussi là-bas le concept des étudiants qui ne finissent pas leur cursus pour aller travailler dans des startups. Il revient en France et construit BlaBlaCar avec le succès qu’on connaît aujourd’hui.
Ce qui me plaît le plus dans le parcours de Frédéric, ce sont ses valeurs :
- La persévérance. Durant toutes les années difficiles de BlaBlaCar , il se répète que “ce truc doit exister”. Il sourit aujourd’hui en repensant à ces gens, si nombreux, qui lui expliquaient en long, en large et en travers pourquoi ils ne feraient jamais de covoiturage, et qui ont fini par s’y mettre et lui envoyer un message disant : “J’ai fait mon premier covoit’, c’était génial !”
- Le stoïcisme. Il développe un amour pour la philosophie globale des stoïciens, qui est que le stress provient de ce qu’on ne contrôle pas. À partir du moment où l’on admet qu’il y a des choses qu’on ne contrôle pas, on ne stresse plus – ou moins. À chaque problème rencontré dans l’histoire de BlaBlaCar, il se demande : “Est-ce que je peux y faire quelque chose, ou pas ?”
- L’amour du temps long. Il crée une culture incroyable chez BlaBlaCar faisant cohabiter avec intelligence des centaines de salariés. J’aime beaucoup l’amour de Frédéric pour le travail sur le temps long. Je rejoins son envie de rappeler que les choses prennent du temps, à contre-courant des succès immédiats qu’on peut voir sur les réseaux sociaux, et qui sont essentiellement de l’ordre du fantasme.
- L’impact. Les projets de Frédéric font du bien à la planète et à ceux qui y habitent. Rien qu’en 2022, BlaBlaCar a permis d’éviter 1,5 million de tonnes de CO2. Avec moins de voitures sur les routes, les villes et les communautés locales peuvent également bénéficier d’une réduction de la pollution atmosphérique, des embouteillages et d’une amélioration de la qualité de l’air. Frédéric s’est aussi engagé via des réseaux comme France Digitale, qui a réalisé une cartographie des startups françaises à impact social ou environnemental. Captain Cause, sa dernière aventure lancée en octobre 2022, est née de la volonté de mettre la technologie et l'entrepreneuriat au service d'une approche pragmatique de l'impact. Le service connecte des entreprises et des associations, permettant ainsi de nouvelles sources de financement pour les projets qui accélèrent la transition écologique et solidaire.
Quelles sont vos valeurs ? Je serai ravi de lire vos réponses.
Le partage d'Anne
“Le temps n’est pas linéaire"
J’ai adoré ce passage de l’interview de Frédéric dans le numéro 36 d’Odyssées :
“Du temps, les entrepreneurs n’en ont généralement pas beaucoup, aussi je m’efforce déjà de respecter celui qu’ils m’accordent. Mais une des choses les plus importantes que j’ai apprises, et que j’essaie de restituer, c’est de sortir de la vision linéaire du temps.
À l’école, on nous apprend à penser le temps comme ayant une efficacité linéaire – si j’ai passé une heure à étudier ou faire quelque chose, je connais ou j’ai fait l’équivalent de 1 – c’est-à-dire du temps que j’y ai passé.
Or, il y a certains temps qui ne peuvent pas se penser de façon linéaire. Lors de déblocages intellectuels ou de phases de créativité, par exemple, on passe d’un coup de zéro à un, sans que cela puisse se mesurer en temps « normal ». Parfois ça prend une seconde, parfois un an. C’est pareil en entreprise : il y a des domaines qui ne sont pas linéaires par rapport à l’effort fourni. Typiquement, dans les activités créatives, comme je l’ai appris en faisant de la composition musicale.
La musique est faite pour être jouée, pas pour être terminée. C’est ce qu’explique d’ailleurs si bien (le philosophe) Alan Watts : on n’attend pas la fin du morceau, on en profite tant qu’on y est, sinon les plus grands compositeurs seraient ceux qui ont fait les morceaux les plus courts. Ce n’est pas du tout ça, la musique. C’est le voyage qui compte. C’est une parenthèse et un rapport au temps à la fois suspendu et qui ne demande pas à s’écouler autrement que pour remplir sa fonction de plaisir. Pour les entrepreneurs, c’est exactement la même chose. il faut apprécier le parcours. Et c’est précisément ce que je fais en ce moment dans ma nouvelle entreprise, Captain Cause.
Cela m’arrive d’écouter de la musique quand je travaille, oui, mais alors je vais écouter en boucle le même morceau. Ça m’aide à avancer dans mes réflexions, et évite à mon cerveau de se disperser, comme ce serait le cas avec de la musique évolutive et imprévue. C’est globalement pour ça que les gens aiment les mêmes musiques : ça n’est pas fatigant. Découvrir de la musique ou diversifier son répertoire demande un effort.
Quand je travaille, j’ai le cerveau occupé, je ne peux pas en plus le mobiliser pour de la découverte musicale."
Merci Frédéric pour ce partage !
Je n’oublie pas notre rencontre dans un café il y a plusieurs années vers 22h près des anciens bureaux de BlaBlaCar. Tu sortais tout juste d’une grosse journée de travail. J’avais été marqué par ton écoute totale à mes problématiques de bébé entrepreneur...
Beau week-end et belles lectures,
PS : Nous serions ravis de vous rencontrer sur le salon de Go Entrepreneurs avec les auteurs Eyrolles, n’hésitez pas à passer sur le stand de la librairie après les conférences !
Chaque vendredi, un livre et un outil pour entreprendre
Ouvrez tous les possibles pour votre projet ! Dans cette newsletter, je vous partage les livres et outils qui inspirent ma vie d’entrepreneur. Et une fois par trimestre, j’invite quelques auteurs pour une conférence en ligne exceptionnelle.
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